GUINES : L'EGLISE SAINT-PIERRE-ES-LIENS

GUINES: L’EGLISE SAINT-PIERRE-ES-LIENS

L’admirable chaire de Sainte Aldegonde
Au fil des siècles, Guînes a possédé plusieurs églises en son fief. A la fin du Moyen-Age, cinq églises paroissiales étaient recensées, Saint-Pierre, Saint-Bertin, (du côté de la ferme des Remparts), Saint-Médard, Spellecke (du côté des terres basses et de Saint-Blaise), sans oublier l’abbaye bénédictine de Saint-Léonard, au Tournepuits.
Comme en peu d’endroits, Guînes a terriblement souffert des guerres et invasions de toutes sortes. De ce fait, la ville a conservé bien peu de vestiges de sa physionomie antique. Des établissements religieux, seule la paroisse Saint-Pierre a survécu et le début du XIXème nous a laissé l’édifice que nous connaissons aujourd’hui.
Cette église Saint-Pierre de Guînes est la reconstruction en brique d’une église déjà rebâtie en 1660 et dont il ne demeure que les bases d’une tour en pierre calcaire blanche à l’intérieur du clocher. De l’ancienne église, le Musée Municipal possède un croquis de De Viert de 1611. Elle aurait donc été reconstruite par le curé Raoult en 1660 et démolie vers 1820, ayant beaucoup souffert sous la Révolution. L’édifice actuel a été inauguré en 1822 sous l’autorité du Maire Fourcroy. C’est sous les dalles de cette église qu’on inhumait autrefois avant que le jardin ne devienne un cimetière. En faisant le tour de l’église, le visiteur remarquera sans doute d’anciennes pierres tombales qui affleurent ça ou là. Il notera également au cœur de l’ancien cimetière de Guînes, Saint-Michel terrassant le dragon, en hommage aux victimes de la Grande Guerre. Sur la face extérieure de la nef, une pierre tombale scellée dans le mur rappelle la mémoire de l’abbé Prenel, curé décédé en 1783.
Les cloches ont été bénies en 1864; elles sont trois. La plus grosse «Eugénie Marie Etiennette» eut pour parrain et marraine le Comte Amiral d’Herbinghem et Madame Filley de la Barre; la moyenne «Marie Augustine Hermance», le baron Auguste de Guizelin de Saint-Just et la plus petite«Joséphine Adolphine Françoise», Monsieur Thomas Rébier et Madame Garenaux-Thoumin, tous des notables de l’époque.
Sous le clocher, en entrant dans l’église, on remarquera la pierre tombale d’un ancien curé, l’Abbé Tourtois, et dans la nef trois bénitiers en marbre veiné rouge. L’un, sur pied, est accolé au premier pilier du bas côté nord et les autres sont fixés au mur, de part et d’autre de l’entrée. Ce sont les dons d’anciens marguilliers guînois du XVIIème siècle: DARCOURT, SUEUR, et MAILLARD. Les noms et dates y sont gravés dans le mode écriture de l’époque.
On apercevra alors au milieu de la nef ce qui constitue la véritable œuvre artistique de cette église, la chaire de vérité de 1706. Si l’abat-voix est de proportions exagérées, les panneaux sculptés de la cuve sont particulièrement admirables. L’un d’eux représente une abbesse tenant un livre ouvert tandis qu’une colombe plane au-dessusde sa tête en tenant son voile dans son bec. Il s’agit, semble t-il, de sainte Aldegonde, patronne d’une paroisse de Saint-Omer pour laquelle l’œuvre aurait été réalisée. Le panneau sur la porte de la chaire la représente avec un profil de reine, et sur un autre elle est en extase, tenant d’une main un livre brandissant de l’autre un cœur enflammé de charité. Ils sont l’évocation de la légende de cette sainte. Au-delà, vers le chœur de l’église, les panneaux représentent le Bon Pasteur et saint Laurent avec le gril de son martyr. Taillés à plein bois, les ornements et les figures sont à très fort relief, les volutes de la rampe se déroulent avec majesté; de lourds bouquets de fleurs et de fruits retombent sur les consoles et pilastres.
On trouve dans ces sculptures l’art baroque de la Contre Réforme et dans les visages bien des caractèresde l’art flamand. Certains attribuent l’œuvre aux célèbres frères PIETTE. D’autres le réfutent mais reconnaissent le mérite artistique du ou des auteurs de cette chaire. Bien qu’il soit écrit en latin «Celle-ci enseigne la vérité» et qu’on pourrait voir là une marque des luttes qui opposaient; au XVIIème siècle, l’église et le temple de Guînes, il apparaît que cet ouvrage remarquable fut racheté par Guînes lors des ventes de biens d’église à la Révolution de 1789 et provenait de la paroisse Sainte-Aldegonde de Saint-Omer.
La visite de l’église se poursuit en admirant les élégants autels latéraux, placés de part et d’autre d’un bel autel en marbre de pays, réinstallé au milieu du chœur après le Concile Vatican II.
Remarquons les anciennes stalles de bois sculpté dont on peut admirer les appuis latéraux et le visage des anges qui font office de miséricordes. Le chœur contient encore une belle crédence de style Louis XV et les vitraux représentent à gauche la Foi, et à droite l’Espérance. Les blasons qui s’y trouvent inclus sont ceux de Guînes, de Monseigneur Parisis, de la famille Monteuis et des familles d’Angerville et De Guizelin.
Notons encore:
* Que les orgues ont été construites en 1824, par les célèbres frères Guilmant et forment un instrument de qualité;
* Que le chemin de croix est un don de la famille du pharmacien Griffon en 1851, ils sont en carton-pâte;
* Que le beau christ en bois au fond du chevet est à dater du XVIIème ou XVIIème siècle;
* Que la Descente de Croix en haut de l’abside a été offerte par l’Empereur Napoléon III. Son style et ses clairs-obscurs font penser à une œuvre de P.P Proud’hon. C’est en tous cas une œuvre fort bien réalisée;
* La dévotion à Notre Dame-des-Ardents se manifeste dans l’église par un bas-relief représentant son apparition à Itier et Normand, en présence de Lambert de Guînes, évêque d’Arras, par un cierge reliquaire, et enfin par un vitrail moderne. Une telle présence s’explique par le fait que Lambert, cet évêque du XIème siècle, serait issu de la famille des Comtes de Guînes;
* Il faut préciser enfin, qu’un certain nombre de peintures religieuses, une importante statuaire (œuvres en majeure partie inscrites à l’inventaire des Monuments Historiques), et un superbe dais de procession ont été confiés au Musée Municipal Emile-Villez. Les visiteurs intéressés ne manqueront pas de se reporter aux collections du Musée de Guînes.

La Chapelle Notre Dame-des-Champs
En quittant Guînes par la route d’Hames-Boucres, le visiteur remarquera aux abords d’une prairie, une petite chapelle. Dédiée à Notre-Dame-des-Champs, elle a été érigée par une famille en souvenir de son enfant tué dans un accident de cheval.
Sur le fronton, garni de pilastres, le visiteur sera sûrement surpris de ne trouver aucune porte. Celle-ci est en effet située à l’arrière, tandis que la chapelle est éclairée, en façade, par une fenêtre en arc brisé. De chaque côté de cette fenêtre et au sommet du fronton, se trouvent trois niches qui devaient jadis renfermer des petites statues.

D'après : "Trois-Pays, 17 clochers" édité par la Communauté de Communes des Trois-Pays.

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